Nous parlerons aujourd'hui d'un roman qui se déroule en partie à Paris: Atti osceni in luogo privato de Marco Missiroli, publié en français sous le titre Mes impudeurs. C'est un vieux roman, mais d'autre part, ce blog n'existe que depuis un mois, donc c'est une bonne occasion pour redécouvrir certaines lectures.
Mes impudeurs est un roman d'apprentissage, organisé
en six parties qui parcourent les différents âges du protagoniste et narrateur,
Libero Marsell. Comme le titre le laisse imaginer, l'aspect sexuel est très
important dans la formation de Libero, dont la vie est constellée par un
rapport avec le sexe qui évolue et murit avec lui. Pourtant, un des personnages
par lesquels le sexe fait irruption dans la vie de Libero étant une
bibliothécaire, les livres aussi jouent un rôle important: « Les livres
déplaçaient ma gravité, et actualisaient une loi: ils avaient commencé à me
mettre au monde » (ma traduction).
Ainsi Paris, où
le protagoniste habite et évolue dans la première partie de sa vie et du roman,
est une présence très littéraire, car Libero travaille aux Deux Magots, croise
Jean-Paul Sartre, voit des films, respire un air du temps qui est aussi un air du
lieu. La vie le mènera Libero à la grave décision d'aller vivre à Milan: « Les
Deux Magots, Philippe, les touristes, la fureur des réunions, le cinéma Louxor,
le Marais et le fauteuil de papa, maman et Emmanuel, Marie et l'hôtel de
Lamoignon, la langue française, le Roland Garros, les cédilles. Ça me coupa le
souffle. Je m'assis et restai immobile, puis je pris une feuille blanche et
j'écrivis tout petit : Pour insoutenabilité. Voilà la raison pour
laquelle j'avais quitté la Ville Lumière » (ma traduction). Ces épiphanies
sont fréquentes dans le roman et expriment bien la manière dans laquelle Libero
avance dans la vie.
À Milan aussi, Libero est confronté aux tourments
de ses désirs et à l'impact de ces derniers sur ses relations amoureuses et
familiales. Il tente de comprendre ses pulsions, traverse des expériences
parfois maladroites, souvent intenses, où se mêlent la peur, le plaisir et la
culpabilité. Ses relations avec ses parents sont un
élément central de son développement personnel et sexuel, reflétant un mélange
complexe d'attachement et de distance. Son objectif demeure celui de réaliser la liberté qui est inscrite dans son prénom.
Missiroli aborde sans détour des thèmes comme l'érotisme, le désir et les contradictions intimes que chacun porte en soi, offrant une réflexion sur la manière dont la sexualité façonne nos vies et notre rapport aux autres. Car il ne faut pas avoir « peur de choisir entre la vie et l'obscénité sans savoir qu'elles sont la même chose. L’obscène est le tumulte privé que chacun a, et que les personnes libres vivent. Cela s'appelle exister, et parfois ça devient sentiment » (ma traduction).

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